Bibliothécaires Musicaux de Picardie

Coopération régionale de l’ACIM, pour le développement et la promotion de la musique en médiathèque

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Créer un fonds partitions : 1ère partie

Par • 3 Oct, 2007 • Catégorie: Ressources, Formations ...

Introduction

La pratique musicale amateur est la première pratique culturelle des français : dossier n°65 : la pratique musicale amateur – avril 2000 du Ministère de la Culture et de la Communication.

La musique est l’art populaire par excellence : Les français et la musique, Anne-Hélène Mangin – juin 2005, enquête TNS Sofres pour la SACEM.

Le fonds partitions est le fonds le moins présent dans les bibliothèques : La place de la musique en bibliothèque publique, de Christian Massault- Paris, BBF 2002, t.47 n°2. loin derrière le fonds de disques.

Mais il est difficile d’en évaluer l’existence, même dans notre région, car les statistiques partitions n’apparaissent pas dans les publications de la DLL (Direction du Livre et de la Lecture) : les résultats statistiques de la DLL 2004 : Picardie.

L’idée de créer ce guide est né de l’appel d’une collègue.

Ce guide n’a donc qu’un objectif : aider à la création d’un fonds de partitions. Il ne s’agit pas d’une règle absolue. Comme pour toute création de fonds ou pour toute acquisition, il y a des choix à faire.

L’idée prédominante est que la création du fonds doit être significative.

Nous entrons dans une période de préparation budgétaire, alors il ne reste plus qu’à convaincre…

Définitions d’une partition :

  • méthode/recueil/oeuvre pour un instrument seul ou accompagné (parfois avec un CD démo ou d’accompagnement) : oeuvres pour piano de Mozart (sonates, ah vous dirais-je maman…), le jazz à la guitare, rock/hits pour trompette, airs célèbres pour violon, le pop/rock/blues pour saxophone…
  • chansons d’un artiste/groupe avec l’accompagnement piano et/ou guitare
  • musique de film
  • le répertoire en musique classique : symphonie, concerto, requiem, chant choral…

Pourquoi avoir un fonds partitions en bibliothèque ?

  • la musique est la première pratique culturelle des français : tant l’écoute que la pratique d’un instrument (guitare, batterie, djembé, piano, trompette, harmonica, flûte, violon…) : voir l’introduction.
  • après les bibliothèques, les écoles de musique sont très présentes sur le territoire, mais aussi les ensembles (chorale, harmonie, batterie-fanfare, big-band…) et groupes de musique amplifiée.
  • une partition est comparable à un roman, une BD : une fois lu, on le range (sauf pour les méthodes instrumentales)
  • Les partitions coûtent chers (20 à 30€ en moyenne), s’en procurer n’est pas toujours facile, et l’équivalent des « livres de poche » n’existe pas.

Combien de partitions acheter ?

Pour répondre à cette question, prenons la classification musicale (dernière version page 42 du bulletin de l’ACIM) et utilisons la de deux façons :

1/ simplifiée pour les genres musicaux :

  • 1.1 Blues
  • 1.2 Negro Spirituals, Gospel
  • 1.3 Jazz
  • 1.4 Rhythm’n’blues, soul
  • 1.5 Hip Hop, Rap
  • 1.6 Reggae et genres apparentés
  • 2 Rock et variétés internationales
  • 3 Musique classique
  • 4 Musiques électroniques
  • 5 Musiques fonctionnelles
  • 6 Musique et cinéma
  • 8 Chanson francophone
  • 8.1 Chansons pour enfants (si vous souhaitez rassembler les partitions à destination des enfants)
  • 9 Musique du monde

2/ détaillée pour les instruments : prenons les instruments les plus pratiqués pour créer le fonds

  • 0.605 voix en général (chant, peu importe la tessiture : soprano, alto, ténor, basse)
  • 0.61 piano
  • 0.64 cordes frottées :
    • 0.641 violon
    • 0.642 alto
    • 0.643 violoncelle
    • 0.644 contrebasse
  • 0.66 guitares
  • 0.67 « bois »
    • 0.671 Flûte à bec
    • 0.672 Flûte traversière
    • 0.673 Clarinettes
    • 0.674 Saxophones (soprano, alto, ténor, baryton)
    • 0.675 Hautbois
  • 0.68 « cuivres »
    • 0.681 Cor d’harmonie
    • 0.682 Trompettes, cornet, bugle
    • 0.683 Trombone
    • 0.684 Tuba, saxhorn, euphonium
  • 0.69 percussions (batterie, djembé, xylophone, timbales…)

Maintenant à chacun de répondre à la question suivante : combien de partitions « doit-il » y avoir dans chaque genre musical et pour chaque instrument pour que le fonds partitions soit cohérent par rapport à la taille de la bibliothèque ?

Des partitions pour des publics/usages spécifiques ?

La prise en compte de la bibliothèque dans son environnement local peut aider à trouver des réponses :

  • Y a- t-il une école de musique à proximité ? Si oui, quels instruments y sont enseignés et y a-t-il une bibliothèque/centre de ressource interne ?
  • Y a t-il des ensembles à proximité ? Lesquels ? (harmonie, batterie-fanfare, chorale, big-band…)
  • Y a t-il des groupes de musique amplifiée à proximité ?
  • Y a t-il une scène musiques actuelles à proximité ? Si oui, avec des ateliers/cours pour les groupes ?

Si oui, il est important de dialoguer avec les responsables des écoles de musique et des ensembles, mais aussi avec les musiciens des groupes, tant pour écouter leurs attentes que pour leur expliquer vos objectifs.

Mais attention, il ne faut pas oublier que les missions d’une bibliothèque ne sont pas aussi « spécifiques » que celles d’une école de musique ou d’un ensemble : vous n’achèterez pas pour créer un fonds, me semble t-il, les oeuvres que peuvent interpréter la chorale ou l’harmonie locale, ni même le cahier de gammes pour trompette de Jean-Baptiste Arban pour la classe de trompette de l’école de musique.

Quels « types » de partitions acheter ?

1/ Pour les genres musicaux :

Répartir soigneusement entre :

  • les anthologies
  • les « classiques »
  • les « actuels »

2/ Pour les instruments :

Privilégier les recueils avec disque de démo et/ou d’accompagnement. Au même titre qu’il est « plus facile » de jouer une chanson que l’on connaît (Gainsbourg, Mademoiselle K, Brassens, Delerm, The Beatles…), il est « plus facile » de jouer un morceau que l’on peut écouter.

Précisions concernant les instruments : un instrumentiste cherchera plus facilement une partition à son instrument, sauf s’il cherche les partitions originales d’un compositeur/artiste/groupe. Exemples :

  • un recueil intitulé Les standards du Jazz pour saxophone : le mettre de préférence à l’instrument, surtout s’il s’agit d’arrangements pour le saxophone, et non de pièces originales. En plus, ça permettra aux saxophonistes non jazzmen, qui n’iront pas voir naturellement dans le bac jazz, d’y être sensibilisé.
  • un recueil intitulé Les standards de Charlie Parker pour saxophone : le mettre de préférence à Jazz (cote 1.3 PAR) car il s’agit d’oeuvres originales du répertoire de jazz pour saxophone.

Encore une fois, il n’y a pas de règles absolues, tout est choix…

Cas « particulier » de la musique classique

Les acquisitions en musique classique sont de loin les plus complexes. Quoi acheter tant le répertoire est vaste ? Chez quels éditeurs ? Car à la différence des autres genres musicaux, une même oeuvre peut être vendue chez plusieurs éditeurs, et à des prix allant du simple au triple, voir plus. Aussi, je reviendrai sur cette question dans un prochain article, afin d’être le plus juste et précis possible.

Où acheter

Si vous le pouvez, privilégier le local, le magasin de musique le plus proche, ou le libraire (certains acceptent). Si vous ne pouvez/voulez pas, je vous conseille La flûte de Pan à Paris. Dans tous les cas, préparez vos acquisitions. Pour ce faire, internet est pratique : adresses et liens à voir sur le site de l’ACIM.

Mobilier

Les bacs BD sont très bien. Mais ne pas oublier les intercalaires pour bien identifier chaque genre et instrument. Pour vous donner une idée, aller dans un magasin de musique, regarder ce qu’il vous plaît comme ce qu’il ne vous plaît pas, et vous saurez quoi faire en fonction de votre lieu.

Durée de prêt

Tout dépend combien de temps vous prêtez les autres documents. Si c’est 2 ou 3 semaines, je vous conseille de doubler le temps de prêt des partitions : 4 ou 6 semaines.

Communication

Pour beaucoup de personnes, même nos usagers, biliothèque = livres.

La création du fonds partition nécessite un effort de communication. Des pistes :

  • dans le site de la bibliothèque
  • faire un « marque ta page »
  • faire une affiche
  • éditer la liste des partitions par genre/instrument et la transmettre aux professeurs de l’école de musique
  • si la collectivité a un journal, y suggérer un article : « nouveau service à la bibliothèque »

Conclusion

Je suis certain d’avoir oublié des choses. Si vous avez des questions ou des remarques, n’hésitez pas à laisser un commentaire.

A venir :

  • Les partitions et la musique classique
  • les partitions et internet
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8 Réponses »

  1. Le fonds de partitions de la BEI de Cergy-Pontoise compte actuellement 3000 titres : 40% de classique, 35% de non-classique et 25% de méthodes d’auto-apprentissage instrumentales dont la majorité est accompagnée de CD. A près avoir utilisé le PCDM réservé aux CD, nous avons opté pour une classification par forme (solistes, duos, trios etc) avec une subdivision instrumentale : c’est une classification « maison » qui est un compromis entre le PCDM et la classification des conservatoires et qui nous semble très bien appropriée à la recherche par les usagers . Seuls les songbooks ont conservé la classification PCDM (par genre et par auteur).

    Pour plus d’info, vous pouvez me contacter par tél.

    Hervé Duret
    01 34 41 42 60

  2. J’ai fait une petite enquête, via la liste de diffusion de l’ADBDP, pour savoir si certaines BDP proposaient un service de prêt de partitions. Je vous transmets la réponse de la BDP du Gard qui me semble vraiment intéressante.

    Le service de prêt de partitions de la BDP du Gard :

    La BDP du Gard effectue un prêt de partitions depuis trois ans.
    L’initiative est née de la volonté du Conseil Général de soutenir, structurer et professionnaliser l’enseignement musical sur le département : la BDP, en soutien à ce projet, a donc développé un fonds de musique imprimée à destination des écoles de musique. A la fin de cette année la collection atteint un nombre de 3000 partitions : méthodes, recueils pédagogiques, répertoire, realbooks (standards de jazz) et quelques songbooks (rock, variétés).
    Le prêt s’effectue par l’intermédiaire des bibliothèques du réseau, qui accueillent un dépôt pour l’année scolaire. Les écoles de musique, en priorité intercommunales ou communales, peuvent soit prendre le dépôt en son entier, si quelqu’un peut gérer le prêt parmi leur personnel; soit venir emprunter les partitions au long de l’année à la bibliothèque. Au fur et à mesure des années, les médiathèques partenaires de ce service ont souhaité également proposer des partitions à leurs usagers : en général la demande s’est manifestée assez rapidement, lorsque les usagers ont vu « passer » les partitions dans les bibliothèques.

    Le service est à un moment important de son histoire, puisque la loi transfèrera aux départements, à partir du 1er janvier 2008, la gestion et la coordination de l’enseignement artistique. Le Conseil Général vient d’adopter un schéma départemental des enseignements et des pratiques artistiques, qui prévoit entre sept autres points la mutualisation des moyens (recrutements, pratiques d’ensembles, instruments, partitions). Le prêt de partitions reste donc plus que jamais à l’ordre du jour, tant à destination des établissements d’enseignement musical que des publics amateurs, usagers des bibliothèques/médiathèques de nos réseaux.

  3. On m’a demandé de réfléchir à la mise en place d’une partothèque à la médiathèque d’Epernay. Vos articles sont très intéressants en ce qui concerne la constitution du fonds (je vais m’en inspirer largement et je vous en remercie), mais je souhaite en savoir plus sur les moyens financiers à débloquer (budget prévisionnel), les droits à acquitter, les possibiltés de médiation (mise en ligne, numérisation…). Il se peut que j’anticipe sur le deuxième volet de votre guide ? Dans tous les cas je me propose de suivre de près votre reflexion et d’utiliser vos suggestions pour les mettre en pratique, vous aurez ainsi un retour immédiat (enfin presque : 2009) sur la pertinence de vos recommandations.
    Merci

  4. Bonjour,
    Je gère, depuis 2005, un début de fonds au conservatoire d’Auxerre, et nos finances sont essentiellement départementales. Notre catalogue est informatisé et en ligne grâce au logiciel libre PMB (voir lien dans l’identifiant). Nous nous sommes basé essentiellement sur la PCDM 4 et pour classer les partitions de musiques d’ensemble, nous avons en fait « sur-détaillé » la branche 3.1*** en remplaçant le 3 par un préfixe « ME » généralisant « musique d’ensemble » (certains arrangement n’étant pas tout à fait « classiques »). Nous avons ainsi les duos et les instruments accompagnés au piano en ME12.xx.yy, les trios en ME13.xx.yy.zz, etc., xx étant l’indice décimal des instruments (11 pour piano, 41 pour violon etc.)
    De la sorte, chaque formation précise se retrouve groupée. Nous avons quelques 4000 documents, mais une partie seulement sont des partitions, car il y a aussi quelques centaines de Cds, des revues musicales, des « conducteurs », et quelques DVD.
    Nous souhaitons spécialiser un peu nos acquisitions sur la musique de chambre.
    Un repère important à ce sujet : pour le choix PAR NIVEAU des partitions de musiques de chambre, nous nous sommes appuyés sur la collection « 10 ans avec » de la Cité de la Musique, qui catalogue très précisément par niveaux sur 10 ans un « répertoire de base » pour la plupart des instruments enseignés en conservatoire. Je vous recommande vivement leur acquisition, elle est également utile pour un usagé musicien qui souhaite sélectionner du répertoire pour une acquisition personnelle.

  5. […] Suite de l’article : Créer un fonds partition : 1ère partie […]

  6. Bonjour,
    Je suis stagiaire à La BDP du Jura et je travaille sur la création d’un fonds de partitions. Ce travail donnera lieu à un mémoire. Afin de mener à bien ma mission, je recherche un exemple de marché de partitions afin de m’en inspirer. Je vous remercie pour tout renseignements ou aide que vous pourrez m’apporter.
    Cordialement.

  7. Le fonds partitions est le fonds le moins présent dans les bibliothèques tout simplement parce qu’elles coûtent horriblement cher. Un problème d’économie d’échelle bien sûr, mais pas seulement.

  8. très bonne idée ce fonds. en esperant trouver mon bonheur…et que tout le monde le trouve!!

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